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L’axe mosellan, en formant un continuum urbain entre l’agglomération de Nancy au sud et l’agglomération de Metz/Thionville au nord, concentre l’essentiel du développement économique en Lorraine. Installée au cœur des Côtes de Moselle, dans la vallée de la Meurthe, l’agglomération de Nancy occupe un large bassin d’environ 12 km de rayon.
Cadré par les reliefs du front de côte à l’ouest et des buttes-témoins du Grand Couronné à l’est, il dessine un site naturel clairement délimité et cerné de forêts, dont la vaste forêt de Haye qui souligne le rebord du plateau du même nom. L’urbanisation se prolonge au nord dans la vallée de la Moselle et au sud dans la vallée de la Meurthe, qui font l’objet d’unités de paysage distinctes (voir les unités de paysage n°6 « La vallée urbanisée de la Moselle » et n°12 « La vallée de la Meurthe »).
Les plateaux qui entourent la dépression nancéienne, bien que soumis à d’importantes pressions urbaines, conservent un caractère plus rural : le Grand Couronné (voir l’unité de paysage n°8), le Plateau Lorrain (voir l’unité de paysage n°11), le plateau de Haye (voir l’unité de paysage n°4) et le Vermois (voir l’unité de paysage n°13).
« Nancy, comme Toul, est dans une vallée mais dans une belle large et opulente vallée. La ville a peu d’aspect : les clochers de la cathédrale sont des poivrières pompadour. […] la place de l’Hôtel de Ville est une des places rococo les plus jolies, les plus gaies et les plus complètes que j’ai vues. C’est une décoration fort bien faite et merveilleusement ajustée avec toutes sortes de choses qui sont bien ensemble et qui s’entraident pour l’effet ; des fontaines en rocaille, des bosquets d’arbres taillés et façonnés, des grilles de fer épaisses, dorées ou ouvragées, une statue du roi Stanislas, un arc de triomphe d’un style tourmenté et amusant, des façades nobles, et élégantes, bien liées entre elles et disposées selon des angles intelligents. […] C’est une place marquise. J’ai vraiment regretté que le temps me manquât pour voir le détail et à mon aise cette ville toute de style de Louis XV. »
Victor Hugo, Le Rhin (1845)
L’agglomération de Nancy et les marques de l’histoire
Fondée au XIe siècle, Nancy est alors un simple bastion installé par les ducs de Lorraine, à proximité d’un gué permettant de traverser la Meurthe, au carrefour d’une voie importante nord-sud et de la route du sel (est-ouest), non loin de la giboyeuse forêt de Haye. Il faudra attendre le règne de Charles III au XVIIe siècle, et la construction d’une « Ville neuve » au sud de la Ville Vieille, pour que la cité prenne son essor.
Devenu capitale du Duché de Lorraine, elle garde un riche patrimoine architectural et urbain des XVIIe et XVIIIe siècle avec le damier urbain de la Ville neuve et l’ensemble architectural du roi Stanislas Leszczynski formé des places Stanislas, de la Carrière et d’Alliance.
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Nancy connaît une importante extension urbaine. L’arrivée du canal de la Marne au Rhin (1851) et la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg (1852) permettent le développement industriel et commercial de la ville.
Suite à l’annexion d’une partie de la Lorraine en 1871, Nancy connaît une explosion démographique avec l’arrivée des Alsaciens et des Mosellans : en trente ans, la population passe de 66 000 à 119 000 habitants. L’agglomération se développera avec des grands ensembles dans les années 1950-1970 (Jarville, Tomblaine, Essey, Saint-Max, Malzéville, Maxéville, Champigneulles, Laxou, Villers, Vandoeuvre) et de l’habitat individuel dans la deuxième couronne à partir des années 1980 (Bouxières, Heillecourt, Pulnoy, Ludres, ...).
Aujourd’hui, de nombreux projets menés à l’échelle de l’agglomération permettent de redynamiser le centre-ville (abords de la gare), de requalifier les grands ensembles du plateau de Haye (Haut-du-Lièvre), de reconquérir les friches industrielles des berges de la Meurthe (quartier Rives de Meurthe), ...
Un site naturel bien lisible, cadré par des reliefs boisés spectaculaires à l’ouest et cerné par une ceinture rurale à l’est
L’agglomération de Nancy s’inscrit dans un vaste bassin baigné par la Meurthe et bordé par les horizons puissants soulignés par les boisements (forêt de Haye) à l’ouest
Le point de rétrécissement entre les rebords des plateaux de Malzéville (à l’est) et de Maxéville (à l’ouest) marque la limite du bassin de l’agglomération de Nancy – Depuis Bouxières-aux-Dames
Des vues urbaines amples et remarquables depuis les coteaux et rebords de plateaux
Panorama sur l’ensemble du bassin de Nancy depuis le coteau de Dommartemont
Un patrimoine architectural et urbain exceptionnel :
La Grande-Rue et la perspective sur la Porte de la Craffe
La place Saint-Epvre dans la ville vielle – Nancy
La rue Saint-Jean à Nancy dans la Ville Neuve
La rue des Dominicains vue depuis la place Stanislas
La place Stanislas, chef d’œuvre du XVIIIe siècle (1751-1755) dessinée par Emmanuel Héré, fait partie d’un ensemble urbain classique construit par le duc de Lorraine Stanislas Leszczynski afin de connecter la ville vieille et la ville neuve. D’abord place Royale, son nom et sa statue centrale ont évolué au gré des bouleversements de l'histoire de France, elle porte ce nom depuis 1831. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO
L’arc de triomphe ferme la place Stanislas au nord et s’ouvre sur la place de la Carrière
Les grilles en fer forgé dorées à la feuille d'or ferme élégamment la place Stanislas et valent à Nancy son surnom de ville aux Portes d’Or
La villa Jika, ou villa Majorelle, première maison Art Nouveau de Nancy, dessinée par l'architecte Henri Sauvage en 1901
Architecture Art Nouveau, rue Raymond Poincaré à Nancy
Des repères monumentaux dans le paysage urbain
L’église Notre-Dame de Bonsecours et son clocher à bulbe caractéristique, œuvre d’Emmanuel Héré (XVIIIe siècle), un repère visuel à l’entrée de Nancy depuis l’A330
La tour Thiers, qui s’élève à 90 mètres de haut face à la gare, est un des bâtiments les plus grands de l’agglomération et constitue un signal bien visible. Elle fut l’objet de vives critiques lors de sa construction en 1979, notamment en raison de son implantation qui la rend visible depuis la place Stanislas - axe de la rue Henri Poincaré
La tour panoramique du Haut du Lièvre construite sur la crête du plateau de Maxéville, bien visible au-dessus du coteau boisé, avec au premier plan, le canal de la Marne au Rhin - Nancy
De nombreux espaces verts de qualité en centre-ville et en périphérie
Le parc de la Pépinière, aménagés par Stanislas afin de fournir les arbres plantés le long des routes lorraines, constitue aujourd’hui un vaste parc de près de 22 hectares au cœur de la ville
Le parc Sainte-Marie à l'ouest de Nancy
Des bords de l’eau marqués par l’activité industrielle, peu à peu reconquis par la ville
Ancienne usine « La Rochette » située sur les berges du canal de la Marne au Rhin et qui va être reconvertie en logements – Jarville-la-Malgrange
Des quartiers de ville en mutation : les grands ensembles du plateau de Maxéville (Haut du Lièvre), le quartier des « Rives de Meurthe », …
Situé sur les hauteurs du plateau de Maxéville, le quartier du Haut du Lièvre a été construit à partir de 1958 avec deux grandes barres d’immeubles de 300 et 400 mètres de long qui en font les plus longues de France. Plusieurs tours ont été ajoutées par la suite, dont la tour panoramique. L’ensemble compose un quartier bien visible sur la crête du plateau, marquant fortement les horizons nord de l’agglomération de Nancy – Nancy
Le quartier du Haut du Lièvre fait l’objet de travaux importants dans le cadre du plan de rénovation urbaine – Maxéville
Aménagement récent des Rives de Meurthe par l'architecte-paysagiste Alexandre Chemetoff, vaste quartier de 300 ha s'étendant entre la Meurthe et le canal de la Marne au Rhin
L’usine Alstom, un site en cours de réhabilitation dans le cadre du projet « Rives de Meurthe » - Nancy
Quartier résidentiel récent développé à l’est du Grand Nancy – ZAC Saint-Pie X, Essey-lès-Nancy
Une imbrication précieuse et fragile de la ville et de la campagne
Aux marges de l’agglomération, des poches agricoles préservées offrent une imbrication remarquable ville-campagne - Ludres
Cette unité paysagère est cernée par la forêt de Haye à l’Ouest et par des espaces agricoles à l’Est. Les zones boisées couvrent les plateaux et en partie les coteaux qui descendent dans la cuvette de Nancy. Le milieu forestier à l’Ouest est coupé par l’A33, fragmentant les milieux adjacents. Au Nord de l’unité paysagère, les coteaux boisés du plateau de Malzéville sont mités par l’urbanisation pavillonnaire. A l’Est, les massifs boisés sont rares, laissant la place aux larges étendues agricoles. Du côté de Jarville-la-Malgrange, les espaces agricoles et prairiaux sont cependant préservés en fond de vallée. Les quelques bois (en particulier aux environs de Saulxures-lès-Nancy) ne sont pas très grands, mais par leur disposition, ils ont néanmoins un rôle certain dans la dispersion de la faune au sein d’une mosaïque agricole et urbaine présentant assez peu de haies.
Etant densément urbanisée, Nancy et les villes accolées offrent peu de perméabilité à la faune et à la flore. Les jardins et espaces verts constituent cependant des enjeux majeurs de maintien de la biodiversité dans la ville, notamment les parcs de la Pépinière, Olry et Montaigu, ce dernier à proximité immédiate du canal de la Marne au Rhin. La Meurthe et le canal de jonction reliant le canal de l’Est au canal de la Marne au Rhin représentent des corridors écologiques d’axe nord-sud, grâce notamment à la présence d’espaces végétalisés dont la naturalité pourrait être renforcée sur les berges de la Meurthe. La présence de nombreuses écluses sur le canal altère sa continuité longitudinale. Une partie de ce canal est cependant inscrite comme ENS vers Fléville-devant-Nancy, car des zones marécageuses se sont développées.
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Le patrimoine urbain : une mise en valeur paysagère et architecturale valorisante pour l’ensemble du département
La lisibilité de la ville dans son site avec ses coteaux boisés et cultivés : l’enveloppe agricole et forestière de l’agglomération est importante pour l’expression de la biodiversité
Paysage remarquable sur un coteau valorisant une coupure d’urbanisation : prairies entourées de haies et crête boisée – Saulxure-lès-Nancy
Les perspectives urbaines sur les coteaux : des fenêtres précieuses et caractéristiques marquant le paysage des rues
Perspective boisée dans l’axe de la rue Henri Deglin – Nancy
Les paysages de campagne aux abords de l’urbanisation : des espaces rares à préserver et déjà identifiés dans la trame verte et bleue du Scot Sud 54 (qui répertorie les forêts, pelouses, prairies, vergers, rivières et zones alluviales)
Le vallon de Fléville présente un paysage agricole remarquable aux portes de l’agglomération. Il fait partie d’un site classé de 293 ha intégrant le château de Fléville, son parc et le vallon agricole – Fléville-devant-Nancy
Dans le vallon de Fléville, les prairies vert tendre parsemées de bosquets d’arbres composent un paysage de campagne pittoresque aux portes de Nancy. Le site, bien visible depuis l’A330 s’ouvre vers la vallée de la Meurthe – Fléville-devant-Nancy
Paysage de campagne aux abords de l’agglomération – RD974 entre Vandoeuvre et Chavigny
Petite poche de maraîchage préservée en fond de vallée – Jarville-la-Malgrange
Des cheminements aménagés permettent de parcourir les espaces agricoles aux abords de la ville - Pulnoy
Les berges de la Meurthe et des canaux : une nouvelle relation ville/eau, une reconquête en cours
Le port Sainte-Catherine sur le canal de la Marne au Rhin – Nancy
Reconquête des berges de la Meurthe : circulations douces et promenade aménagée - Nancy
Une piste cyclable le long du canal de Jonction – Fléville-devant-Nancy
L’aménagement qualitatif des bords de l’eau et des canaux représente un fort enjeu pour la mise en valeur des paysages urbains – Croisement du canal de la Marne au Rhin et du canal de Jonction, Laneuveville-devant-Nancy
Les bords du canal de la Marne au Rhin, des espaces à aménager pour valoriser l’image des quartiers qu’il traverse – Jarville-la-Malgrange
La mise en valeur des ouvrages hydrauliques et de leurs abords peut participer à la requalification paysagère des quartiers traversés – Jarville-la-Malgrange
La Meurthe, un site en cours de reconquête
La forêt : une proximité et une relation ville/forêt privilégiées aux bénéfices des habitants
Les vastes forêts qui encadrent l’agglomération sont des espaces de « nature » et de loisirs privilégiés pour les citadins – Plateau de Malzéville
Les centres des bourgs : des villages et villes bien restaurés (bâti et espaces publics)
Espaces publics soignés - Dommartemont
Fragilités :
Une banalisation des paysages de la périphérie par une urbanisation résidentielle standardisée et un étalement des zones d’activités, notamment dans la plaine située à l’est de Nancy (Essey-lès-Nancy, Seichamps, Pulnoy, Saulxure-lès-Nancy, Tomblaine), et dans la vallée de la Meurthe (Malzéville, Maxéville, Jarville-la-Malgrange, Heillecourt), ainsi que dans une moindre mesure sur les coteaux (Saint-Max, Laxou, Villers-lès-Nancy, Vandoeuvre-lès-Nancy)
Etalement urbain à l’est de Nancy – Essey-lès-Nancy
Une consommation des vallons agricoles et des coupures d’urbanisation par de l’étalement urbain et leur morcellement par les infrastructures
L’étalement urbain sur le plateau de Ludres par de l’habitat et des zones d’activités forme progressivement une urbanisation continue entre Nancy et la vallée de la Moselle - Ludres
Des entrées et traversées de villes impactées par de l’urbanisation linéaire et des zones industrielles peu soignées accolées aux routes principales : RD400, RD974, RN74, RN57
Une entrée de ville offrant une image peu valorisante avec des réseaux aériens, des clôtures peu soignées, une absence de plantations – La RD400 à Jarville-la-Malgrange
Entrée peu valorisante de l’agglomération de Nancy – Avenue de la Résistance, Laxou
Exemple intéressant d’espaces publics dans le centre de Ludres
Les plantations permettent de valoriser le paysage d’entrée de ville et la traversée de la zone d’activités d’Essey-lès-Nancy
Une urbanisation qui colonise les crêtes et mite les pentes, fragilisant les perspectives et perturbant la biodiversité