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Paysage d’openfield sur le plateau
Le Pays-Haut compose un grand paysage qui s’étend sur plus de 65 km de long du nord au sud, pour 7 à 35 km de large environ. Il occupe ainsi toute la partie nord du département et se poursuit dans les départements voisins : à l’ouest en Meuse et à l’est en Moselle. Il se présente comme un vaste plateau calcaire entaillé de vallées encaissées et souvent boisées. Il est constitué par le revers de la côte de Moselle, tout comme le plateau de Haye qui le prolonge au sud de la faille de Gorze.
Aux abords des agglomérations de Longwy et de Briey, le paysage est marqué par l’urbanisation dense et industrielle qui occupe les vallées. Elles font l’objet d’une unité distincte : les vallées urbanisées du Pays-Haut (unité n° 3). Dans sa partie sud, le Jarnisy se distingue par un relief moins marqué : le plateau s’affaisse et s’épanche vers la plaine de la Woëvre, les vallées y sont moins creusées. Il s’agit d’un paysage de transition entre le plateau calcaire sec et la plaine humide de la Woëvre.
Le Pays-Haut, de l’openfield à la sidérurgie
Le Pays-Haut offre aujourd’hui un double visage : des paysages ruraux d’openfield et des sites marqués par la sidérurgie. Un rapide historique permet de comprendre ces paysages de contraste.
L’occupation du Pays-Haut est longtemps restée concentrée dans les vallées. Il faudra attendre la fin du Moyen-Age pour que les forêts du plateau soient défrichées sous l’impulsion des moines (Gorze, Saint-Pierremont, Pierrevillers, Mont-Saint-Martin). Cette colonisation s’effectue grâce au système de l’openfield qui organise précisément le territoire : le village resserré se trouve au centre du finage, les champs en lanières ne sont pas clos de haies. La céréaliculture mais aussi l’élevage se développent, façonnant des paysages très ouverts. Après la Seconde Guerre mondiale, le remembrement et l’intensification des pratiques agricoles renforcent la grande ouverture des paysages du plateau.
L’activité industrielle, quant à elle, est longtemps restée artisanale avec l’exploitation des ressources en fer pratiquée depuis l’Antiquité et la naissance des premiers hauts-fourneaux (Herserange, Moulaine) dès la Renaissance. Il faut attendre la fin du XIXe siècle et l’invention du procédé de Thomas Gilchrist pour que l’exploitation de la minette lorraine s’intensifie et que les forges se multiplient dans les vallées de la Chiers et de l’Orne. Le Pays-Haut entre ainsi brutalement dans l’ère de la sidérurgie : les mines se multiplient dans les vallées et sur le plateau, les villages ruraux du plateau sont transformés, accueillant une nouvelle population logée dans les cités ouvrières. Dans les années 1980, la disparition de l’activité sidérurgique bouleverse à nouveau le Pays-Haut, avec perte de population, friches industrielles, ...
Un vaste plateau doucement ondulé et entaillé de vallées
Paysage d’openfield sur le plateau
Vallonnements amples et cultivés
Le rebord du plateau et la vallée du Woigot
Des contrastes de paysages forts entre un plateau homogène, ouvert et voué aux grandes cultures, et des vallées accueillantes concentrant la diversité paysagère
Paysage homogène de grandes cultures sur le plateau
Paysage rural dans la vallée de la Chiers – Viviers-sur-Chiers
Dans les vallées, les paysages plus accueillants et attrayants que sur le plateau se composent de coteaux boisés, prairies, troupeaux, arbres isolés, haies et ripisylves – Mance
Le village de Cons-la-Granville, installé dans le fond de la vallée de la Chiers et dominé par son château et son prieuré : un joyau discret dans son écrin boisé
Les vallées encaissées des plateaux calcaires (Pays-Haut, Haye) : des transitions nettes. Les coteaux boisés dessinent le cadre de la vallée et définissent ses limites . Le paysage de la vallée est ainsi déconnecté des paysages agricoles ouverts du plateau
Des structures végétales rares et précieuses sur le plateau, plus fréquentes dans les vallées
Sur le plateau, les structures végétales sont rares et se retrouvent le plus souvent dans les inflexions du relief, les vallons ou sur les coteaux
Présence de structures végétales (haies en limites de parcelles) sur un coteau de la vallée du Woigot – Mancieulles
Les structures végétales sont plus fréquentes dans le secteur de Longuyon où le relief est plus accidenté : massifs boisés, bosquets, haies, arbres isolés - Longuyon
De précieuses couronnes vertes de vergers, jardins et prairies autour des villages
La couronne de prés-vergers entourant le village de Villers-le-Rond compose un paysage précieux entre village et grandes cultures. En formant une enveloppe végétale qui accompagne le bâti, elle offre un espace de proximité pour les habitants (cheminements), un refuge pour la biodiversité.
Des villages et bourgs nichés dans les creux des vallées, ou installés au centre des « clairières » agricoles sur le plateau, animant les étendues agricoles
Vastes paysages ouverts du plateau d’où émerge la silhouette de Giraumont
Le village installé sur le versant de la petite vallée de l’Yron est entouré d’une ceinture verte qui accompagne le bâti et organise son inscription dans le paysage – Ville-sur-Yron
Le bâti groupé est installé sur un pli du relief présentant une silhouette bien visible dans le paysage – Norroy-le-Sec
Village lové dans le creux d’un vallon - Mance
Un héritage industriel encore présent, témoin de l’importance des mines de fer et de la sidérurgie sur le territoire
Ancien haut-fourneau de 1865, témoignage de l’activité sidérurgique du XIXème siècle – Cons-la-Granville
L’église Sainte-Barbe construite entièrement en métal et dédiée à la sainte patronne des mineurs - Crusnes
Les cités minières, une typologie urbaine marquante et caractéristique du Pays-Haut
Composition urbaine typique du Pays-Haut, fortement marquée par l’épopée industrielle du XXe siècle (l’exemple de Mancieulles)
Les cités ouvrières : de véritables villes « champignon » construites au début du XXème siècle à proximité des mines de fer et se caractérisant par une homogénéité architecturale et une rigueur des tracés – Piennes
Des cités ouvrières au fort caractère architectural et urbain – Mancieulles
Maisons jointives ou accolées par deux et architecture homogène caractérisent le paysage des cités ouvrières - Anderny
Des reconversions et un renouveau visibles dans le paysage : le choc des époques
Architecture contemporaine d’un nouveau quartier construit sur les friches ferroviaires. Le Pays-Haut offre aujourd’hui l’image d’un paysage en mutation, où les quartiers nouveaux côtoient ou se substituent aux quartiers anciens, dans des oppositions de style par endroits puissantes - Mancieulles
Des paysages marqués par l’histoire : les blockhaus, les cimetières militaires, l’architecture des reconstructions, …
Cimetière militaire français – Fillières
Blockhaus autour du fort de Fermont
Des routes-paysages offrant des vues lointaines sur les étendues agricoles du plateau
Route-paysage offrant un beau panorama sur les espaces agricoles du plateau et mise en valeur par un alignement d’arbres – RD29
Les alignements le long de la route sont souvent les seuls arbres présents sur le plateau agricole. Ils prennent d’autant plus d’importance pour la qualité paysagère du territoire – RD901
Les éoliennes, une irruption verticale monumentale dans l’horizontalité non moins monumentale du plateau
Le parc éolien de Villancy, vu depuis la RD618
La partie nord de l’unité paysagère correspond à un vaste plateau entaillé de vallées boisées étroites, où coulent notamment les rivières de la Crusnes, de la Chiers, d’orientation générale est/ouest, et de la Pienne, affluent ou sous-affluent de la Meuse. Elles possèdent des milieux associés, tels que boisements, prairies et autres structures végétales, représentant des milieux de vie et des corridors écologiques intéressants pour de nombreuses espèces. La Crusnes, cours d’eau de première catégorie, accueille le Castor et le Cincle plongeur.
Sur les coteaux de la vallée de la Chiers, les pelouses forment un réseau en lien avec les forêts et accueillent notamment la Coronelle lisse. Le plateau étant voué aux grandes cultures, l’intérêt écologique est limité. Plus au sud, en lien avec l’unité paysagère des grandes vallées du Pays Haut, les alentours de Briey sont très boisés notamment sur les bords des rivières et en continuité avec le département de la Moselle, formant une continuité écologique.
La partie sud de l’unité paysagère, située en partie sur le territoire du Parc naturel régional de Lorraine, est très agricole et accueille peu de structures végétales semi naturelles ; les abords des villages et les boisements relictuels sont donc relativement plus important pour la qualité écologique de ce secteur.
Le réseau de rivière est cependant important et l’Yron, sous-affluent de la Moselle, alimente le marais de Droitaumont, aux portes de Jarny. Formé il y a une soixantaine d’années à la suite d’un affaissement minier, il est favorable à l’installation d’une faune diversifiée grâce à sa mosaïque d’habitats : roselière abritant des oiseaux, mares accueillant des amphibiens et des prairies plus ou moins humides jouant un rôle tampon entre les coteaux cultivés et les zones marécageuses. Les haies et bosquets de saules apportent une diversité supplémentaire puisqu’ils apportent gîte et couvert pour les passereaux tels que la Pie-grièche écorcheur.
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Les ceintures vertes de prés-vergers et prairies autour des villages : des transitions précieuses entre les secteurs habités et les espaces agricoles de grandes cultures
Les prés-vergers dessinent les abords des villages – Saint-Julien-lès-Gorze
La ceinture verte de prés-vergers et jardins accompagne le bâti et valorise la silhouette du village – Mars-la-Tour
Belle ceinture de prés-vergers clos par des murets de pierres sèches – Villers-le-Rond
Les structures végétales (arbres isolés, alignements, …) dans les espaces agricoles ouverts : des facteurs de diversification des paysages soulignant les formes du relief, le parcellaire, le fil de l’eau et offrant des refuges, des relais pour l’accueil et la dispersion de nombreuses espèces
Alignements d’arbres valorisant l’entrée du village – Dommartin-la-Chaussée
Les alignements d’arbres valorisent fortement le paysage de la route, notamment dans un contexte d’openfield – RD952
Les talus des anciennes voies ferrées forment des corridors écologiques précieux sur le plateau agricole – Trieux
Haie le long d’un chemin, élément de qualification des paysages, refuge pour la biodiversité - Charey
Les vallées et thalwegs : des creusets de diversité paysagère au cœur du plateau, accueillant boisements, prairies, cours d’eau, structures végétales
Aménagement d’un espace public dans le fond de la vallée du ruisseau de la Cuve - Jarny
Beaux saules têtards sur les berges du ruisseau de l’Yron – Ville-sur-Yron
Les bords de l’eau : des sites de grande valeur paysagère et des corridors écologiques pour de nombreuses espèces plus exigeantes, qui soulignent les fonds de vallée, abritent une végétation plus variée (ripisylve, prairies, …) et peuvent devenir le support d’itinéraires de circulations douces
La Crusnes bordée d’une belle ripisylve - Pierrepont
Les villages lorrains : un habitat groupé et concis bien lisible dans le paysage, un patrimoine rural à préserver
Les usoirs, éléments caractéristiques du village lorrain, particulièrement attrayants lorsqu’ils sont plantés – Mars-la-Tour
La végétalisation des usoirs donne une ambiance jardinée et soignée au village - Hagéville
La Motte féodale de Labry, une fortification de terre où venaient se réfugier habitants et bêtes en cas de danger
Belle ferme en pierre – Villers-le-Rond
Les poiriers palissés ornant les façades font partie du patrimoine des villages – Norroy-le-Sec
Les cités ouvrières et les anciennes mines : un héritage architectural, urbain et industriel puissant, à réhabiliter et/ou à mettre en valeur
La Place Verte de la cité-jardin de Giraumont
Les cités ouvrières présentent souvent un patrimoine architectural riche et des ambiances jardinées remarquables – Giraumont
De l’ancienne mine de fer de Saint-Pierremont, fermée depuis 1978, il ne reste que quelques bâtiments encore peu mis en valeur - Mancieulles
Fragilités :
La simplification des paysages agricoles suite à l’intensification des pratiques agricoles qui a renforcé l’uniformisation des paysages, déjà traditionnellement marquée par l’openfield : remembrement, céréaliculture (qui couvre aujourd’hui 40 % de la SAU du Pays-Haut), suppression des structures végétales (haies, lignes de vergers, …), altèrent l’attractivité paysagère et la fonctionnalité écologique du territoire