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La Moselle et ses affluents ont façonné les reliefs très échancrés des Côtes de Moselle. En érodant les plateaux calcaires du Jurassique, ils ont isolé une série de buttes-témoins situées en rive droite (butte de Mousson, butte Sainte-Geneviève, Côte de Xon, Froidmont, …). Le Grand Couronné ainsi formé culmine à plus de 400 m d’altitude. Dans la partie sud trois petits cours d’eau secondaires incisent ces reliefs, formant des vallées amples dans lesquelles se sont installés la plupart des villages : la Natagne, la Mauchère et l’Amezule. Les principaux réseaux de transports ainsi que le développement urbain et industriel se concentrent dans la vallée de la Moselle (ligne de train Metz-Nancy, RD657, RD952) préservant le Grand Couronné. Toutefois, l’autoroute A31 le traverse au sud de la butte de Mousson et la ligne TGV Est-européen coupe brièvement les collines du Grand Couronné au nord de Pont-à-Mousson.
L’unité de paysage du Grand Couronné s’allonge au final sur une trentaine de kilomètres, entre la Butte d’Amance au sud-est et Froidmont au nord, pour 2 à 8 km de large. Elle est limitée à l’ouest par la vallée de la Moselle et à l’est par la vallée et le plateau de la Seille. Elle est prolongée au nord par une série de buttes-témoins qui courent jusqu’à Metz dans le département de la Moselle.
Des sites stratégiques aux paysages de côte
Le Grand Couronné, remarquable succession de buttes-témoins se détachant des Côtes de Moselle, présente aujourd’hui des paysages pittoresques caractéristiques des côtes de Lorraine. Ces paysages fragiles sont le fruit d’une longue histoire d’occupation par l’homme, comme en témoignent les vestiges défensifs perchés de Mousson, d’Amance et de Saint-Geneviève, sites privilégiés d’observation. Le territoire fut le théâtre de combats meurtriers et dévastateurs, sur les hauteurs de Sainte-Geneviève, de la côte de Xon, de la butte de Mousson (poste d’observation) et du Froidmont (fortifications allemandes), durant la guerre de 1870 et au cours de la Bataille du Grand Couronné (4 au 13 septembre 1914). La plupart des villages et bourgs se sont installés sur les coteaux, de préférence exposés au sud, dans les vallées de la Natagne, de la Mauchère, ou de l’Amezule : Landrémont, Ville-au-Val, Bézaumont, Faulx, Montenoy, Malleloy, Eulmont, Bouxières-aux-Chênes. Les paysages s’organisent précisément, avec un front de côte le plus souvent couvert de boisements, des coteaux accueillant prairies et vergers, un bâti groupé en village-rue, des cultures dans les fonds de vallée. Aujourd’hui, des dynamiques font évoluer ces paysages : enfrichement des vergers, pression foncière, mise en culture des prairies sur les coteaux, ...
Une succession de buttes souples bien marquées bordant la vallée de la Moselle à l’est
Les buttes-témoins bordant la vallée de la Moselle à l’aval de Pont-à-Mousson – Une vue depuis la butte de Mousson
Des reliefs festonnés couronnés de boisements et présentant des pentes cultivées – Les buttes-témoins et la vallée de la Natagne depuis le Mont-Saint-Jean (Jeandelaincourt)
Des reliefs puissants entrecoupés de vallées transversales amples creusées par des affluents de la Moselle : la Natagne, la Mauchèr et l’Amezule
Les vallées creusées entre les buttes-témoins composent des paysages séduisants, aux reliefs marqués – La vallée de l’Amezule vue depuis Amance
La vallée de l’Amezule vue depuis le Pain de Sucre
Des sites dominants offrant de larges vues remarquables à la fois vers l’ouest (plaines de la Seille) et vers l’ouest (vallée de la Moselle) : butte Sainte-Geneviève, butte de Mousson
Panorama vers l’est sur la vallée de la Seille depuis la Butte de Mousson
Des coteaux de grande qualité, offrant des paysages très perceptibles et soigneusement composés de prés-vergers, de prairies, de cultures, le tout souvent couronné de boisements
Parcellaire agricole parallèle à la pente - Butte de Mousson
Paysage de pente composé et couronné par les ruines du château de Mousson : prés, boisements, lignes de mirabelliers – Mousson
Les parcelles agricoles et les structures végétales (haies, bosquets, couronnes boisées) soulignent les formes souples du relief - Jeandelaincourt
Un habitat groupé en villages positionnés au pied des côtes ou sur les sommets (Amance, Sainte-Geneviève, Mousson) et enveloppés de leurs ceintures vertes (prés-vergers, jardins) qui accompagnent et valorisent le bâti, favorisant son intégration dans le paysage et constituant des espaces de transition entre le village et les cultures.
Le village de Mousson accroché au sommet de sa butte
Habitat ouvrier présentant une architecture homogène caractéristique – Jeandelaincourt
Village-rue : maisons accolées, rue élargie d’usoirs - Eulmont
Bourg installé en fond de vallée – Faulx
Village niché dans le fond de la vallée de l’Amezule et entouré de végétation (ripisylve, boisements, vergers) – Lay-Saint-Christophe
Le site d’Amance, installé autour d’un ancien château dominant la plaine de plus de 170 mètres, un des sites perchés du département
Une pression urbaine sensible notamment dans les vallées de la Mauchère et de l’Amezule en raison de la proximité de l’agglomération de Nancy
La pression urbaine est plus importante dans les vallées latérales, notamment à proximité de la vallée de la Moselle, comme ici à Custines
Cette unité paysagère se caractérise par les buttes témoins des côtes de Moselle et les plateaux. Les versants et les crêtes sont boisés et sont en continuité avec le coteau « jardiné » composé de pré vergers, de prairies et de cultures. Cependant, les milieux forestiers sont parfois fragmentés, comme au nord de l’unité paysagère par l’A31 et la ligne LGV.
La présence ponctuelle de pelouses sur les coteaux vient compléter la diversité des habitats, notamment la pelouse de Malzéville (Natura 2000, ZNIEFF1 et ENS), s’étendant sur une très grande superficie, exceptionnelle en Lorraine. Les pelouses du Grand Couronné abritent certaines espèces végétales particulières comme le Pied-d’alouette royal ainsi que certaines espèces d’insectes : la Mélitée du plantain et l’Hespérie du brome pour les papillons et la Decticelle chagrinée pour les sauterelles.
Les différentes vallées entaillant le plateau sont parcourues par les cours d’eau de la de l’Amezule, affluents de la Meurthe, de la Mauchère et de la Natagne, affluent de la Moselle. Les ripisylves sur les abords des rivières, accompagnées des prairies et de leurs structures végétales, ainsi que les lisières forestières de coteaux représentent des axes de déplacement entre les différentes pelouses de l’unité paysagère pour de nombreuses espèces de chauves-souris tels que le Grand Murin, l’Oreillard roux, le Petit Rhinolophe et le Grand Rhinolophe.
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Les coteaux : des paysages composés très perceptibles depuis les vallées ; cette diversité d’habitats permet par ailleurs l’accueil d’une biodiversité importante.
L’occupation précise des coteaux compose des paysages jardinés et soignés : le village apparaît entouré d’un écrin de prés-vergers, les cultures couvrent le fond de vallée, les boisements dessinent la crête – Morey
Le coteau cultivé dessine l’horizon de la rue et met en valeur l’image du village - Belleau
Les structures végétales : lignes de mirabelliers, alignements d’arbres, ripisylves, arbres isolés enrichissent les paysages agricoles de leurs motifs en soulignant le fil de l’eau, le parcellaire ou les formes du relief et forment un maillage favorable au déplacement de nombreuses espèces, notamment pour les chiroptères
Ripisylve composée de saules soulignant le cours de la Natagne – Morey
Paysage riche en structures végétales – Bratte
Paysage aux structures végétales rares : l’arbre isolé au milieu des pâtures prend une importance considérable – Bratte
Grande diversité de structures végétales animant les paysages : prés-vergers, haies, boisements, ripisylve - Faulx
Les ceintures végétales (prés-vergers, jardins, prairies) : des paysages jardinés autour des villages, constituant des espaces de transition douce entre le bâti et les cultures, offrant des espaces de proximité pour les habitants et de zones mixtes (bâties, agricoles et boisées) pour la biodiversité
Espace public aménagé en fond de vallée à proximité du village – Faulx
Les pelouses calcaires : des milieux naturels recélant une grande richesse écologique mais fragiles suite à l’abandon des pratiques pastorales (enfrichement et boisements progressifs)
Pelouse calcaire gérée par le Conservatoire des sites lorrains sur le Mont-Saint-Jean - Jeandelaincourt
Le petit patrimoine (calvaire, arbre isolé, murets, …) : des éléments essentiels pour la qualité des paysages, qui constituent des points de repères et animent les espaces agricoles
Calvaire et arbre majestueux marquant un croisement - Mousson
Les sommets et les sites bâtis perchés offrant de très larges points de vue panoramiques : Mousson, Amance, Sainte-Geneviève, …
Panorama vers l’ouest sur la vallée de la Moselle depuis la Butte de Mousson
Les routes-paysages : des itinéraires de découverte des paysages privilégiés grâce à leur positionnement précis dans la topographie à flanc de coteau ou en surplomb par rapport au fond de vallée
Une route à flanc de coteau offrant un panorama sur les paysages de la vallée de la Mauchère – RD 90, Bratte
Fragilités :
La fragilisation des sites bâtis sur les coteaux et la disparition des coupures d’urbanisation : mitage des coteaux, colonisation des crêtes et plateaux, urbanisation linéaire le long des routes, notamment entre Custines, Malleloy et Faulx, détruisant et fragmentant des habitats naturels
Disparition de la coupure d’urbanisation entre Custines et Malleloy dans la vallée de la Mauchère
Urbanisation sur le coteau fragilisant le paysage de la vallée – Lay-Saint-Christophe
Le morcellement et la dégradation des paysages et des milieux naturels par les infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques : A31, ligne LGV, Voie de l’Amezule, ligne électrique H.T. (poste électrique de Bezaumont)
Le terrassement marqué de la Voie de l’Amezule crée par endroit des cicatrices sensibles dans le paysage - Agincourt
La simplification des paysages des coteaux par l’intensification des pratiques agricoles et l’abandon des pratiques traditionnelles d’entretien des vergers : remembrement en grandes parcelles cultivées, enfrichement, disparition des structures végétales et des prés-vergers, nécessaires au développement de nombreuses espèces
Simplification du paysage du coteau suite au remembrement : grandes parcelles de pâtures et de cultures – Lixières
Simplification des paysages suite à la suppression des structures végétales et au remembrement - Morey
Les phénomènes de dévalorisation des centres des villages : espaces publics non aménagés, ruines, logements vacants ou vieillissants, …