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La vallée de la Moselle, axe principal de développement économique régional, est globalement fortement urbanisée. Sur l’ensemble de son linéaire (560 km), entre sa source dans les Vosges et sa confluence avec le Rhin, seules quelques rares portions restent encore préservées et présentent des paysages ruraux et naturels. C’est le cas des Boucles de la Moselle et de la vallée de la Moselle sauvage. L’unité de paysage de la vallée de la Moselle sauvage s’allonge de Virecourt à Flavigny-sur-Moselle sur 20 km environ pour 3 à 4 km de large en incluant les coteaux. Dans cette séquence, la réserve naturelle régionale de la Moselle sauvage, créée en décembre 2006, permet la préservation de l’un des derniers tronçons de rivière à lit mobile du nord-est de la France, sur 6 km de long entre Virecourt (Meurthe-et-Moselle) et Chamagne (Vosges).
Une vallée préservée
À l’aval de Neuves-Maisons, la vallée de la Moselle n’a pas connu un développement industriel important. Les villages et bourgs qui bordent la Moselle ont vu se développer une petite activité artisanale (filature de Roville-devant-Bayon, quelques petites verreries) qui disparaît aux XIXe et XXe siècles tandis que la présence de gisements de fer (Maron Val de Fer) favorisent l’industrialisation de la partie aval de la vallée autour de Neuves-Maisons. Cette portion de la Moselle n’étant pas canalisée, le paysage qu’elle présente apparaît plus sauvage malgré la présence d’anciennes gravières et ballastières qui artificialisent une partie du fond de vallée : seule la portion située entre Virecourt et Gripport présente un aspect vraiment naturel et sauvage.
Une vallée encaissée au fond très aplani et cadrée de coteaux, offrant des paysages variés, boisés, cultivés ou couverts de prairies
La vallée présente un profil ample avec un fond plat couvert de prairies et des coteaux doux souvent boisés – Flavigny-sur-Moselle
A l’amont de Flavigny-sur-Moselle, la Moselle ne longe plus les Côtes de Moselle : les versants sont moins hauts et plus souples qu’à l’aval, tantôt boisés, tantôt ouverts et couverts de prairies ou de parcelles cultivées – Flavigny-sur-Moselle
Alors que les herbages sont omniprésents dans le fond de vallée, les cultures occupent les terrasses alluviales. Les alluvions gréseuses teintent la terre de rouge sombre – Bainville-aux-Miroirs
La forêt domaniale de Flavigny couvrant le versant de la vallée en rive droite – Flavigny-sur-Moselle
Un fond de vallée préservé des extractions de matériaux et de l’urbanisation, offrant des ambiances de « nature » exceptionnelles et des milieux riches :
De nombreuses structures végétales accompagnant le fil de l’eau et dessinant les espaces agricoles
En fond de vallée, les saules soulignent le fil de l’eau, tandis que des arbres isolés parsèment le tapis verdoyant des prairies – Bainville-aux-Miroirs
Des sites bâtis de qualité installés en pied de coteau (Flavigny-sur-Moselle, Bayon, Neuviller-sur-Moselle, …)
Bayon, blotti en pied de coteau, en léger surplomb par rapport à la Moselle
La Moselle sauvage, qui a pour orientation l’axe Sud-Est/Nord-Ouest, est une rivière à lit mobile très large. La dynamique hydraulique (alternance de dépôt et d’érosion) contribue à maintenir une diversité et la complémentarité d’habitats d’une grande valeur écologique. Comme évoqué précédemment, ce secteur de la vallée de la Moselle, entre Virecourt et Gripport, est classé en Réserve Naturelle Régionale en raison de sont intérêt majeur en termes de biodiversité, de ressource en eau et de paysage.
La dynamique fluviale est intrinsèquement à l’origine de la qualité de cette portion de la Moselle. La diversité de milieux alternant entre eaux vives, mortes et calmes est un facteur favorisant la faune piscicole (plus de 20 d’espèces telles que le Chabot, la Perche ou la Tanche). Les secteurs de bancs de graviers et de dépôts alluviaux fluviatiles limoneux (disparus dans les rivières chenalisés) sont régulièrement remaniés par la rivière et accueillent le Petit gravelot, oiseau typique des grèves. Ils sont le domaine des plantes annuelles de grèves exondées au fort pouvoir colonisateur à croissance rapide mais qui ne supporte pas la concurrence des autres telles que la Renouée poivre d’eau ou la Renouée à feuilles de patience. Une succession de différents groupements végétaux évolue progressivement : saulaie basse, saulaie haute pour évoluer vers l’aulnaie-frênaie. Les stades d’évolution de cette succession se côtoient en créant ainsi une mosaïque de milieux imbriqués qui confère une importante valeur écologique, en accueillant notamment l’emblématique castor.
Ainsi les boisements présents sont en quasi-totalité des boisements alluviaux, très peu gérés, qui subissent l’influence du cours d’eau, soit de façon directe (submersion régulière lors des crues), soit de façon indirecte (influence de la nappe). Leur état de conservation est variable et dépend de leur fragmentation, de leur utilisation (pâturage en sous-bois, exploitation…), de leur inondabilité ou de leur envahissement par des plantes exotiques comme la Renouée du Japon ou la Balsamine de l’Himalaya, échappées des jardins.
Les prairies, notamment les plus humides, les bosquets et les haies, viennent en complément de ces habitats naturels sauvages renforcer l’intérêt écologique de cette unité. Les boisements rivulaires et ceux des coteaux, sur les escarpements les plus marqués, maillent et renforcent la fonctionnalité des boisements qui se prolongent sur les unités paysagères voisines. Les bourgs relativement groupés et les abords du canal, peu industrialisé et au contraire boisé, ménagent également des continuités écologiques.
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Le fond de vallée et la Moselle : une des rares séquences de rivière sauvage
Enveloppée dans son épaisse ripisylve et accompagnée de prairies humides particulièrement précieuses dans le contexte départemental et régional, la Moselle offre un paysage de nature préservé – Flavigny-sur-Moselle
Les structures végétales : alignements d’arbres, ripisylves, arbres isolés, haies valorisent les paysages du fond de vallée et des coteaux en soulignant le parcellaire, en animant l’espace agricole, en surlignant le fil de l’eau, en mettant en scène les vues depuis les routes
Alignements de mirabelliers valorisant le paysage de la route – Flavigny-sur-Moselle
Un beau noyer isolé au milieu d’un pré, élément de qualité paysagère – Flavigny-sur-Moselle
Le canal de l’Est et ses alignements d’arbres : un itinéraire privilégié de circulation douce permettant la découverte de la vallée, d’autant plus si une des rives est maintenue plus sauvage, véritable corridor écologique
Le canal de l’Est, un support privilégié de découverte des paysage de la vallée : GR, piste cyclable, canotage – Flavigny-sur-Moselle
Les alignements de platanes qui accompagnent la canal de l’Est participent à la valeur de ses paysages – Tonnoy
Les sites bâtis des villages et bourgs : un habitat groupé, précisément installé dans le paysage en pied de coteau
Le village est installé en pied de coteau, à distance de la Moselle. Autour, le coteau en pente douce est ouvert (prés-vergers), tandis que sur la rive opposée, le coteau plus raide est boisé (forêt de Benney) - Tonnoy
Fragilités :
L’artificialisation du fond de vallée et du lit de la Moselle par les extractions de matériaux et les aménagements hydrauliques, qui menacent la rivière hors des emprises de la réserve naturelle qui s’étend de Virecourt à Chamagne (Vosges)
La simplification des paysages agricoles des coteaux avec la suppression des structures végétales
La dégradation des sites bâtis précis et la disparition des coupures d’urbanisation par une urbanisation linéaire le long des routes, un étalement urbain dans le fond de vallée et un mitage des coteaux