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Les Basses-Vosges gréseuses constituent la partie médiane du massif vosgien qui culminent au Donon à 1009 mètres d’altitude (Bas-Rhin). Ce massif, formé par les grès bigarré du Trias, dessine la limite entre la Lorraine et l’Alsace. Les plateaux, fortement entaillés par des vallons encaissés aux ruisseaux torrentiels, sont entièrement couverts de forêts. Les quelques rares clairières agricoles se retrouvent autour des trois villages (Agomont, Saint-Sauveur et Pierre-Percées) et des quelques fermes isolées (Allencombe, Thiaville, la Gagère, …). Au milieu de ces reliefs escarpés, le lac artificiel de Pierre-Percée propose une ouverture appréciable parmi les forêts de résineux. La vallée de la Plaine, très encaissée, forme la limite départementale au sud-est. Son fond plat et étroit est cultivé et jalonné de villages, bourgs et hameaux. L’unité de paysage des Basses-Vosges occupe ainsi toute la pointe orientale du département, s’allongeant sur 28 km pour 10 à 15 km de large environ. A l’ouest, une succession de clairières agricoles forme une transition entre le Lunévillois (unité de paysage n° 15) et les pentes boisées du Piémont Vosgien. Ces paysages ruraux s’appuient sur le glacis en pente douce qui s’épanche vers l’ouest faisant l’objet d’une sous-unité de paysage : « Les collines sous-vosgiennes ».
Évolution des paysages forestiers
Cette partie des Vosges restent longtemps un territoire peu occupé par l’homme, l’activité se concentrant le long des rivières (Meurthe, Plaine, Vezouze) au bas des versants. Les pentes sont alors couvertes d’une épaisse forêt de hêtres et de sapins. Quelques défrichements sont entrepris au cours du Moyen-Age, mais ce n’est qu’à partir du XVe siècle, avec le développement des verreries, que le massif se transforme. Les forêts sont alors largement exploitées pour fournir du bois de chauffe, pour approvisionner les salines de Rosières et pour alimenter l’imposante verrerie de Baccarat fondée en 1764 : la forêt primitive surexploitée recule au profit du taillis-sous-futaie. Avec l’apparition du charbon, la surexploitation forestière diminue au milieu du XIXe siècle. Des techniques de reboisement artificiel modifient les paysages avec l’apparition de futaies régulières de sapins, épicéas, bouleaux, ... Les scieries et l’industrie textile se développent (manufacture de Val-et-Châtillon, scieries de la vallée de la Plaine). À partir des années 1960, cette industrie en crise et l’agriculture de montagne disparaissent, les vallons sont alors boisés avec des plantations d’épicéas. Le paysage se ferme, seules quelques rares clairières agricoles subsistant sur les pentes.
Des pentes abruptes et des vallons étroits couverts de forêts où dominent les résineux (sapins et épicéas, mais aussi hêtres et bouleaux)
Le socle gréseux apparaît parfois sous forme d’affleurement rocheux ou de ruines – Ruines du château de Salm, Pierre-Percée
Pentes couvertes de forêts mixtes (sapins, épicés, bouleaux) – Saint-Sauveur
Les paysages forestiers dominent largement
Forêt de résineux et de feuillus – Agomont
Une ouverture au cœur du massif forestier offerte par le lac artificiel de Pierre-Percée
Le lac de Pierre-Percée constitue une réserve d’eau permettant de soutenir le débit de la Moselle (via la Plaine et la Meurthe) afin d’assurer le bon fonctionnement de la centrale nucléaire de Cattenom qui prélève l’eau de la Moselle pour son système de refroidissement – Le barrage (70 mètre de haut)
Le lac de Pierre-Percée, niché au milieu du massif, reste peu visible depuis la route qui le borde ; seules de rares ouvertures visuelles entre les arbres permettent de l’apercevoir – RD182, Pierre-Percée
De rares villages isolés au milieu des boisements et entourés de petites clairières agricoles
Les quelques rares villages qui ponctuent le massif forestier sont installés au milieu de clairières agricoles. Il s’agit souvent d’un regroupement de maisons peu organisé contrairement au traditionnel village-rue lorrain – Saint-Sauveur
Le village de Pierre-Percée apparaît au milieu du massif forestier , dans son site de vallon bordant le lac artificiel
Les villages présentent une image soignée : façades restaurées, espaces publics aménagés révélant l’orientation touristique de la région liée à l’attraction du lac de Pierre-Percée et de ses environs – Agomont
Le village de Pierre-Percée, des espaces publics soigneusement aménagés
Cette unité paysagère comprend une continuité forestière Sud-Ouest / Nord-Est très étendue sur plateau, fortement entaillée par des vallons encaissés aux ruisseaux torrentiels. Le réseau hydraulique est formé entre autres des ruisseaux du Val et du Châtillon, en aval des ruisseaux de Saussenrupt et de Bousson, se rejoignant à Cirey-sur-Vezouze pour former la rivière de la Vezouze, affluent de la Meurthe. Ils représentent ainsi une continuité aquatique longitudinale, accueillant le Chabot et des truites. Les pentes abruptes et les vallons étroits sont couverts de forêts où dominent les résineux (sapins et épicéas), mais aussi hêtres et bouleaux. Les secteurs d’intérêt sont plutôt situés au Nord-Est dans la hêtraie-sapinière au niveau du massif du Bousson et du grand Cheneau (ENS et Natura 2000). Ces boisements humides sont le lieu de prédilection de plusieurs espèces d’oiseaux (Gélinotte des bois, Chouette, etc.) et de fougères (Trichomanes remarquable, Lycopode sabine, Osmonde royale). La présence de chiroptères (Murin à moustache, Grand rhinolophe) est à noter, notamment dans les ouvrages militaires de la guerre 14-18 vers le col de la Chapelotte. La présence de falaise en pleine forêt, dont le rocher de Rambiroche (ENS), représente une potentialité d’accueil pour la nidification des rapaces. La vallée encaissée de la Plaine, en limite départementale avec les Vosges, présente un intérêt écologique avec sa forêt alluviale et ses prairies humides. Mais à cause de l’abandon de l’agriculture, la fermeture des milieux est une menace.
En lien avec les milieux aquatiques et forestiers adjacents, la tourbière de la Basse Saint Jean est la seule tourbière acide de basse altitude en bon état de conservation dans le département de Meurthe-et-Moselle. Elle est alimentée par un ruisseau forestier et possède une diversité floristique remarquable compte tenu de son altitude modérée (<350m). Entourée d’aulnaies et de boulaies pubescentes, la tourbière constitue par exemple le lieu de vie de plantes carnivores (Droséra à feuilles rondes) et du Potamot à feuilles de renouée au sein de fossés et de toute accumulation permanente d’eau. Le sol est recouvert de mousses appelées sphaignes et de touffes d’herbes particulières (molinie).
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Le lac de Pierre-Percée : un site unique dans le département offrant des usages de loisirs (voile, baignade, mais aussi randonnée et autres activités de pleine nature)
Le site du lac de Pierre-Percée cristallise de nombreuses activités de loisirs : voile, baignade, randonnée
Les forêts : des espaces d’activités économiques qui sont aussi des espaces de nature et de loisirs
Belle ambiance forestière – RD182, Fenneviller
Les clairières autour des villages : de précieux espaces ouverts relictuels au cœur des espaces forestiers
Une clairière agricole autour du village d’Agomont
Fragilités :
La rareté des ouvertures et des points de vue suite à la prolifération des boisements
L’enrésinement, qui favorise l’ensablement des ruisseaux, préjudiciable à la vie aquatique
Les boisements denses offrent peu d’ouvertures visuelles : ici un point de vue sur le Plateau lorrain au travers des boisements le long de la route – RD 181, Agomont
La fragilité des espaces ouverts agricoles autour des villages
Le traitement relativement peu valorisant des aménagements des sites, notamment aux abords du lac de Pierre-Percée
L’embarcadère du lac de Pierre-Percée, un aménagement trop technique qui ne met pas en valeur le site
Le traitement par des aménagements techniques des berges dévalorise le site du lac de Pierre-Percée
L’aménagement d’étangs dans les vallons forestiers, captant les cours d’eau et perturbant l’écoulement hydraulique
La fermeture des milieux de la vallée de la Plaine, limitée par la mise en place d’un pâturage conservatoire avec une race bovine écossaise (Highland cattle)