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La diversité des paysages du département est certes [bleu violet]foisonnante[/bleu violet], mais [bleu violet]elle n’est pas pour autant désordonnée[/bleu violet]. Les paysages s’organisent en grands ensembles, délimités sur des bases géographiques - et notamment géomorphologiques -, et en [bleu violet]unités[/bleu violet], qui précisent les ambiances par les variations d’occupation des sols.
[bleu violet]L’atlas régional[/bleu violet] réalisé par la DIREN Lorraine (Direction Régionale de l’Environemment - ex DREAL) et le Conseil Régional de Lorraine en 1995 a identifié les différentes typologies de paysage ou « régions paysagères ». [bleu violet]Elles sont toutes représentées en Meurthe-et-Moselle[/bleu violet], traduisant la richesse paysagère du département à l’échelle régionale comme le montre la carte suivante :
La délimitation des grandes régions paysagères dans l’atlas régional (Conseil Régional de Lorraine et DIREN Lorraine, 1995)
Si le département offre une telle diversité de paysages, c’est en partie grâce à sa forme très allongée et à sa position centrale en Lorraine, [bleu violet]il offre ainsi toute la palette des paysages régionaux[/bleu violet]. Le territoire du département (5280 km²), s’étend ainsi entre les frontières belge et luxembourgeoise au nord, les départements de la Moselle à l’est, des Vosges au sud et de la Meuse à l’ouest.
Mais d’où vient sa forme étrange, qui la font parfois comparer à une oie, à la fois très étirée (200 km du Nord au Sud) et étroite (6 km entre la Meuse et la Moselle à la hauteur du canton de Chambley) ?
Le département de Meurthe-et-Moselle, au cœur de la région Lorraine
Ces délimitations, nullement naturelles, constituent [bleu violet]un héritage de l’histoire récente[/bleu violet] : contrairement aux autres départements français, créés en 1790 sous la Révolution Française, la Meurthe-et-Moselle est née en 1871, à la suite de la guerre franco-allemande. Le Traité de Francfort (10 mai 1871) met fin au conflit et contraint la France à renoncer à l’Alsace et à une partie de la Lorraine. Mais que faire des parties non-annexées des départements de la Meurthe et de la Moselle ? On les rassemble pour former un nouveau département : la Meurthe-et-Moselle. Malgré sa forme étrange, le département sera conservé lorsque l’Alsace et Lorraine rentreront dans le giron français à l’issue de la Première Guerre mondiale. La limite actuelle entre la Moselle et la Meurthe-et-Moselle correspond ainsi précisément à la frontière franco-allemande entre 1871 et 1919 ainsi qu’entre 1940 et 1944.
Le département de la Meurthe-et-Moselle est créé en 1871 suite à l’annexion d’une partie de la Lorraine par l’Allemagne
La carte simplifiée de la géologie régionale montre la rencontre des derniers contreforts du Bassin parisien avec le Piémont Vosgien.
Les paysages et la géologie - la rencontre du Bassin parisien et des Vosges
Les deux documents suivants croisant géologie et reliefs du département permettent de distinguer d’emblée quatre grands ensembles de paysage, d’ouest en est (voir infra) : la Woëvre, les Côtes, le Plateau lorrain et le Piémont vosgien.
Les paysages et les reliefs - des reliefs marqués par les cuestas (ou côtes)
Les quatre grands ensembles de paysage
Ils expliquent, ainsi, les cuestas, ces élégants reliefs de côtes qui dessinent les paysages : Côtes de Meuse et de Moselle très marquées à l’ouest, Côtes moins marquées du Plateau lorrain, formé par les couches géologiques les plus anciennes du Bassin parisien à l’est (voir les fondements - la géologie et les sols).
Dans son périmètre, le département de la Meurthe-et-Moselle recoupe ainsi les grands ensembles [bleu violet]géomorphologiques[/bleu violet] de la Lorraine :
Les quatre grands ensembles géographiques de la Meurthe-et-Moselle
Au final, quatre grands ensembles de paysages se distinguent :
« Mais qu’appelle t-on "unité de paysage ?" »
À l’intérieur de chaque grand ensemble, des différences marquantes permettent de distinguer plus précisément [bleu violet]les unités de paysage[/bleu violet]. Elles trouvent leur origine dans les fondements naturels, humains et culturels qui sous-tendent l’organisation du territoire (voir « Les fondements des paysages »).
La Woëvre
La plaine de la Woëvre s’installe entre le front des Côte de Meuse et le revers des Côtes de Moselle.
La plaine de la Woëvre et les horizons boisés des Côtes de Meuse, Andilly
Elle présente un relief pratiquement plat avec quelques faibles ondulations, situé entre 220 et 250 mètres d’altitude environ. Dans le département, cette plaine apparaît très morcelée et étroite, mais elle s’étend plus longuement dans le département de la Meuse. Elle est délimitée de manière précise à l’ouest par les reliefs des Côtes de Meuse et moins nettement à l’est où la transition avec le revers des Côtes de Moselle (plateau de Haye et Pays-Haut) est plus progressive. Elle s’étend de Montmédy (Meuse) au nord, jusqu’à Toul au sud.
Le grand ensemble de la Woëvre compte ainsi une unité de paysage : appelée
Le grand ensemble des Côtes et ses neuf unités de paysage
L’ouest de la Meurthe-et-Moselle est marqué par les reliefs des Côtes de Meuse et des Côtes de Moselle.
Sur le revers des Côtes de Moselle, les calcaires et marnes du Bathonien forment les plateaux qui s’allongent du nord au sud sur l’ensemble du département : au nord, le Pays-Haut est un plateau faiblement vallonné, mais profondément entaillé par la vallée de la Chiers et plus modestement par les vallées de la Crusne et de l’Orne (voir les fondements - les Paysages et l’eau ;
Vastes étendues sur le plateau du Pays-Haut, Beuveille
La vallée boisée de la Chiers entaille le plateau du Pays-Haut, Cons-la-Granville
Vaste clairière sur le plateau boisé de Haye, Aingeray
Outre la vallée de la Moselle, ce plateau est découpé et entaillé par de belles petites vallées peu urbanisées aux paysages ruraux préservés que sont les vallées du Rupt-de-Mad et de l’Esch.
L’entaille de la vallée de l’Esch sur le plateau de Haye encore appelée "Petite Suisse", Manonville
Les Côtes de Meuse marquent la limite ouest de la Woëvre. Si seule une petite portion d’une trentaine de kilomètres se situe dans le département, ces côtes dessinent un puissant horizon qui marque les paysages de Meurthe-et-Moselle jusque dans le Pays-Haut. Dans le département, cette côte correspond aux Côtes de Toul, caractérisées par la présence de vignes cultivées sur les coteaux ensoleillés.
Reliefs et vignes sur les Côtes de Toul, Domgermain
Les cours d’eau ont creusé les calcaires durs du Bajocien formant les vallées de la Moselle et de la Meurthe. Ces vallées, amples et cadrées de hauts coteaux, forment l’épine dorsale de la région Lorraine, le sillon mosellan, accueillant l’essentiel des infrastructures, de l’urbanisation et de l’activité économique entre Nancy, Metz et Thionville.
Cependant la vallée de la Moselle présente un paysage particulier entre Pierre la Treiche au sud et Liverdun au Nord, où ces grands méandre encore appelés "Boucles de la Moselle" présentent l’aspect d’une vallée plus resserrée.
De Nancy à Metz, une série de buttes-témoins s’égrène sur la rive droite de la Moselle : le Grand Couronné.
Les reliefs puissants du Grand Couronné, Bouxières-aux-Chênes
La dépression nancéienne dessine un bassin urbanisé, drainé par la Meurthe.
Le bassin de Nancy vu depuis Malzéville
Les Côtes de Moselle, avec leurs nombreuses [bleu violet]buttes-témoins[/bleu violet] (voir les fondements - la géologie et les sols), marquent fortement le paysage, le dénivelé dépassant souvent les 150 mètres, et culminent à 530 mètres d’altitude au sommet de [bleu violet]la colline de Sion-Vaudémont[/bleu violet]. Elles prennent une orientation générale nord-sud, traversant toute la Lorraine, et constituant la limite ouest du Plateau lorrain. Dans le département, elles s’allongent entre la colline de Sion-Vaudémont, au sud, jusqu’au Rupt-de-Mad, au nord, et se prolongent ensuite dans le département voisin de la Moselle. Dans la partie sud, les côtes de Moselle et leurs buttes-témoins dessinent la limite ouest du plateau aux reliefs aplanis et occupés par le Saintois qui se prolonge dans le département des Vosges au sud (localement appelé Xaintois)
Les reliefs vifs des Côtes de Moselle à l’ouest du Saintois, Thorey-Lyautey
Le grand ensemble des Côtes compte ainsi neuf unités de paysage :
Le Plateau lorrain et ses cinq unités de paysage
Le Plateau lorrain désigne toute la partie nord-est de la Lorraine. Dans le département de la Meurthe-et-Moselle, il occupe près de 40% de la surface et s’étend entre les Vosges, à l’est, et la côte de Moselle, à l’ouest. Il présente un relief assez doux, mais marqué par quelques fronts de côtes, moins nets que ceux des Côtes de Meuse et de Moselle, mais qui rythment néanmoins le paysage (les côtes infraliasiques et du Muschelkalk).
Les reliefs du Plateau lorrain et ses unités de paysage
De nombreuses rivières le traversent (voir les paysages et l’eau) : du nord au sud la Seille, le Sânon, la Vezouze, la Meurthe, la Mortagne, la Moselle et le Madon. Il est entrecoupé de vastes boisements tels ceux situés autour de Lunéville qui s’installent sur les terres moins fertiles.
Les reliefs ondulés du Lunévillois, Laneuveville-aux-Bois
La vallée de la Mortagne, Magnières
Les paysages animés du Bayonnais : reliefs ondulés, structures végétales, vergers, champs cultivés, Haigneville
Ce plateau peut se diviser en trois ensembles rythmés par les différentes cuestas qui le découpent :
Les paysages et la géologie - la rencontre du Bassin parisien et des Vosges
(voir les paysages et la géologie)
Le Plateau lorrain compte ainsi cinq unités de paysage :
Le Piémont Vosgien
Le massif des Vosges est peu représenté dans le département et n’occupe que la pointe orientale du territoire, aux frontières avec les départements voisins de la Moselle, des Vosges et du Bas-Rhin. Ce massif montagneux ancien, essentiellement constitué de grès dans le département, est appelé Basses-Vosges gréseuses ou Piémont Vosgien. Il présente des sols pauvres et acides où se développent les sapinières. Ses reliefs arrondis dessinent une [bleu violet]ligne d’horizon bleue sombre[/bleu violet] qui marque la limite orientale du territoire. Au pied des Basses-Vosges, une série de petits reliefs, appelées collines sous-vosgiennes, forment une étroite bande de transition entre les roches calcaires du Plateau lorrain et les dernières couches gréseuses, dessinant une succession de reliefs ondulés couverts de prairies, cultures et forêts de hêtres et de résineux.
Clairière pâturée au pied des pentes boisées du piémont vosgien, Badonviller
Forêt mixte sur les pentes boisées des Basses-Vosges, Saint-Sauveur
Le grand ensemble du Piémont Vosgien compte ainsi une unité de paysage :
Le Piémont Vosgien
La différenciation des[bleu violet] 16 unités de paysage[/bleu violet] telle qu’elle apparaît au final sur la carte trouve son origine dans les fondements naturels, humains et culturels qui sous-tendent l’organisation du territoire (Voir partie précédente).
Les 16 unités de paysage de Meurthe-et-Moselle
On reprend ici de façon synthétique les éléments qui sous-tendent la distinction des 16 unités de paysages du département :
Les fondements « naturels » :
Ils s’expliquent par la nature du sous-sol et par conséquent du sol.
Ce schéma met en avant les plateaux calcaires aux sols drainants et secs favorables aux grandes cultures céréalières.
Les plateaux calcaires drainants des revers de côte
Il fait apparaître les forts contrastes entre les plateaux secs des revers de cuestas (Pays-Haut, Haye, …) et les plaines (Woëvre) et vallées humides (Moselle, Meurthe, …).
Des contrastes forts entre des plateaux secs et des plaines et vallées humides
[bleu violet]Le découpage des unités de paysage issu des fondements naturels s’appuie ainsi sur une distinction entre vallées (Moselle, Meurthe, petites vallées encaissées des plateaux), plateaux calcaires (Pays-Haut, Haye) et plaine humide (Woëvre).[/bleu violet]
L’occupation du sol par l’agriculture et la forêt :
Ce premier schéma fait apparaître la répartition des forêts sur le territoire. Il met en évidence la distinction entre territoires boisés, territoires ouverts et territoires mixtes où se retrouvent massifs forestiers et espaces ouverts.
Les paysages et les forêts : de vastes surfaces forestières inégalement réparties
Les paysages et l’agriculture : des paysages agricoles contrastés
La carte schématique des [mauve fonce]espaces agricoles[/mauve fonce] fait apparaître la distinction entre grandes cultures au nord, polyculture-élevage au sud, vergers et vignoble sur les coteaux.
Le découpage des unités de paysage issu de l’occupation du sol : [bleu violet]une différenciation entre paysages ouverts et paysages boisés et entre grandes cultures, polyculture-élevage et vergers[/bleu violet]
Le découpage des unités de paysages issu de l’occupation du sol enrichit ainsi les premières distinctions :
Les fondements humains :
La carte schématique de la trame urbaine du département met en valeur [bleu violet]la concentration des zones urbaines dans les vallées et la présence de vastes espaces ruraux.[/bleu violet]
Les fondements humains : un territoire de contrastes entre vallées urbanisées et espaces ruraux
Le découpage des unités de paysages issu des fondements humains permet d’affiner certains découpages dans les vallées qui se divisent ainsi entre vallées urbanisées (Moselle, vallées industrielles du Pays-Haut, agglomération de Nancy) et vallées plus naturelles (Moselle sauvage, vallées encaissées du plateau de Haye).
Les fondements culturels :
La différenciation des pays et de leurs appellations, souvent ancienne, exprime assez bien [bleu violet]les sentiments d’appartenance des habitants, qui font l’identité culturelle des territoires.[/bleu violet]
Les régions naturelles et historiques en Meurthe-et-Moselle : l’héritage des dénominations des «Pays lorrains»
La dénomination des unités et sous-unités de paysage s’appuie tout particulièrement sur la [bleu violet]toponymie[/bleu violet] locale.
Ainsi, plusieurs dénominations caractéristiques sont liées aux paysages de Meurthe-et-Moselle :
(Sources : Vidal de la Blache (Paul), Gallois (L.), Les noms de pays in ’Annales de géographie’, 1909 et http://crehangec.free.fr)